Le syndrome de Vasa

08/07/2019
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L'histoire du Vasa est devenue un exemple de gestion de projet, non pas chaotique, mais ayant un aboutissement désastreux. En effet, le Vasa est un navire commandé par la marine suédoise au début du XVIIè siècle avec lequel il est facile de faire un parallèle pour toute personne ayant travaillé en équipe sur un projet.

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Le syndrome de Vasa ?

L'histoire du Vasa est devenue un exemple de gestion de projet, non pas chaotique, mais ayant un aboutissement désastreux. En effet, le Vasa est un navire commandé par la marine suédoise au début du XVIIè siècle avec lequel il est facile de faire un parallèle pour toute personne ayant travaillé en équipe sur un projet.

Les prémisses

Tout débute dans les années 1620 lorsque le roi de Suède Gustave II Adolphe souhaite développer sa présence maritime. Il demande donc à son vice amiral Klas Fleming de commander quatre bateaux, deux petits et deux plus grands, qui  deviendraient le fleuron de la marine suédoise, des navires à la pointe de la technologie. La marine n'est alors composée que de navires de petite taille, lesquels ne sont plus adaptés aux méthodes de combat naval de l'abordage qui a le vent en poupe à cette époque et à l'utilisation croissante d'artillerie. La Suède est alors en pleine expansion et montre des désirs de puissance au nord de l'Europe. Le navire doit donc être un symbole de puissance au delà d'être un vaisseau de guerre efficace et doit montrer la superbe et le savoir faire suédois via ses ornements.

La construction des navires débute en 1625, sous la direction d'un constructeur d'origine Hollandaise ayant déjà collaborer sur des projets de navires de guerre en Hollande mais jamais en tant que seul architecte. A l'époque les Hollandais sont les experts de l'architecture navale notamment grâce à l'invention du vilebrequin qui permet la fabrication de planche rapide et à bas coup. Après avoir réalisé une estimation du coût du projet ainsi que les plans sur le modèle de différents vaisseaux existants dans des flottes étrangères, on débute par la construction d'un des deux plus petits bateaux après avoir gérer les approvisionnements en bois notamment.

La phase de construction

En 1625, c'est à dire au début du chantier, une tempête détruit 10 des navires en fonction de la flotte de la Suède. Cet événement va donc changer la donne puisque la flotte est quasiment décimée de moitié. Le roi demande donc à son Vice Amiral de réviser le projet afin de livrer au plus vite l'un des plus grands bateaux. De la même manière il souhaite également agrandir la taille des deux plus petits bateaux, dont l'un est déjà en chantier. Suite à cette nouvelle le constructeur doit donc revoir sa copie et décide donc de modifier l'existant en inadéquation avec ses plans de départ.
De plus,  toujours en début de chantier, le roi aurait également demandé l'ajout d'un nouveau pont d'artillerie. Le constructeur va donc devoir ajouter un nouvel étage alors que la structure du bateau est déjà posée. 

Durant la phase de construction, le constructeur va quitter le navire puisqu'il décède et c'est donc une autre personne qui reprendra les rênes. A l'époque les plans sont succincts et donc la vision globale du projet est plus ou moins perdue. Bref tout va bien, mais on continue.

A partir d'ici, même si l'histoire et le domaine ne vous intéresse pas, je suis persuadé que vous arrivez à faire un parallèle avec un projet vécu...

La marine décide également d'augmenter le nombre de canons que transportera le Vasa sans se soucier du poids engendré.

Il va sans dire que le projet met beaucoup plus de temps à voir le jour que ce que les estimations avaient prévu. Le budget double alors qu'on ne construit qu'un seul bateau des quatre initiaux. Il faut savoir que le Vasa va absorber une partie aberrante du budget de l'État. 

Le lancement

En 1628, le bateau est mis à flot. Le capitaine en charge du vaisseau effectue les premiers tests de stabilité d'usage. Les tests consistent à faire déplacer une trentaine d'hommes de chaque coté du navire afin de voir sa réaction en cas de basculement. Au bout de trois allés-retours le capitaine stoppe les tests par peur de faire chavirer le Vasa. Cependant, sous la pression qui repose sur le projet, le capitaine décide de valider les tests. A noter que pourtant, les canons ne sont pas présents lors de la phase de test, ce qui devrait augmenter la phénomène de bascule.

C'est donc le 10 août 1628 qu'on décide de procéder au voyage inaugural du Vasa, en grandes pompes. Pour l'occasion, les femmes et les enfants des marins sont invités sur le bateau pour une petite partie du parcours. Avant le départ on tire les premières salves de canon, le moment est historique. Le Vasa quitte donc le port de Stockholm, le temps est au beau fixe, un léger vent souffle sur le port. 

Dès que le navire quitte les parties protégées par les habitations, une brise s'engouffre dans les voiles du vaisseau et l'incline à tribord. Les canons venant juste d'être utilisés n'ont pas été fixés et donc, ils commencent à suivre le mouvement de basculement. Le poids des canons entrant en jeu et vu la hauteur du bâtiment, le Vasa se met inévitablement à basculer et l'eau commence à entrer dans le premier pont par les écoutilles qui n'avaient pas été refermées pour montrer à la foule la puissance de l'artillerie du bateau. Le mouvement s'amplifie et malgré les efforts de l'équipage expérimenté, le bateau coule inévitablement dans la baie de Stockholm, après un parcours d'un peu plus d'un kilomètre. Une trentaine de personnes trouvent la mort dans ce naufrage malgré une mer calme et la proximité du port. Les fonds étant peu profonds, on va voir le mat dépasser de l'eau pendant plusieurs jours avant que l'on décide de les couper et après plusieurs tentatives infructueuses de renflouement.

La responsabilité

Le cas intéressant du vasa n'est pas tellement le fait que le projet ait complètement échoué. En effet, le syndrome de vasa réside surtout dans l'absence de responsabilité puisqu'aucun des intervenants n'a pu être mis en cause directement car chacun pouvait rejeter la faute sur un autre élément et se justifier d'un comportement qui, isolément, pourrait être considéré comme condamnable.

En effet, le capitaine a rejeté la faute sur la structure du bateau et en soit le capitaine a plus ou moins bien réagi lors du drame.

Le constructeur a rejeté la faute sur le Vice Amiral pour avoir modifié un projet validé en cours de chantier, profitant probablement de la mort de son prédécesseur pour expliquer les défauts de structure. Et en même temps la structure initiale du projet validé était cohérente.

Le Vice Amiral quant à lui n'a fait qu'obéir aux ordres du roi, et le roi, lui, ne pouvait être incriminé, de par son statut et surtout son rôle de client. 

On est donc ici sur un fiasco qui ne trouvera finalement que Dieu comme unique responsable à l'époque. C'est là tout l'intérêt du Vasa. En soit chaque élément de l'équipe a fait un travail plus ou moins acceptable mais l'absence de cohérence et de vision globale a mené à une perte énorme. N'oublions pas qu'une trentaine de personnes ont trouvé la mort dans ce naufrage.

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